Test du OGO, nouveau prototype néo-zélandais de fauteuil roulant
Fraichement arrivés en Nouvelle-Zélande, nous avions acheté notre voiture à une pvtiste française dès notre première semaine dans le pays. Super sympa, elle en a profité pour nous donner quelques conseils. C’est comme cela qu’un mois et demi plus tard nous étions chez Celia et Hugh en HelpX, à Taupo, pour deux semaines. Un soir au fil d’une conversation, Hugh nous parle d’un nouveau fauteuil roulant conçu par un kiwi et nous montre une vidéo. Ce fauteuil à l’air super et il ne ressemble à aucun autre ! Je suis intriguée…
Deux semaines plus tard nous sommes à Wellington. Kevin Halsall, qui a conçu ce fauteuil, habite à seulement à une heure de route. Allez je me lance ! Je le contacte, lui explique la dynamique de mon blog et lui demande si on peut se rencontrer car j’aimerai beaucoup tester ce nouveau concept et en parler. Il accepte immédiatement. Le rendez-vous est fixé.
Me voila donc chez Kevin qui a eu la très bonne idée de convier les principaux membres du projet. Je fais donc également la rencontre de sa femme Kay, de leur fille Erina, de Norman et de Marcus. Kay et Erina s’occupent de la partie administrative du projet ainsi que de la communication, notamment sur les réseaux sociaux. Norman est caméraman et producteur. Il s’occupe donc de réaliser les vidéos promotionnelles du OGO. Marcus est enseignant mais c’est surtout le béta-testeur des prototypes et l’ami de Kevin. En effet, l’OGO c’est le fruit de l’amitié de ces deux hommes. Kevin et Marcus se sont rencontrés il y a plusieurs années et se sont découvert une passion commune pour le tir à l’arc. Pour exercer cette activité Marcus doit se rendre en forêt et, comme vous pouvez l’imaginer, en fauteuil c’est la galère ! Les fauteuils roulants « traditionnels » ne permettent pas de se déplacer facilement sur des sols irréguliers. Alors les roches et les racines parsemant le sol des forêts c’est compliqué !
Kevin est auto-entrepreneur. Son métier c’est de concevoir de nouveaux objets en utilisant le plus souvent du plastique comme matière première. Il commence à réfléchir pour trouver une solution au problème de Marcus. Puis un jour il a le déclic en essayant un Segway. Il va utiliser cette technologie pour construire un fauteuil roulant qui peut se contrôler sans utiliser les mains, juste grâce à un système de stabilisation gyroscopique ! C’est un projet de longue haleine. Pendant six ans Kevin et Marcus y travaillent la plupart des week-ends. Le projet se précise, de nombreuses améliorations sont intégrées au OGO au fur et à mesure. Après la création de cinq prototypes, ils décident de lancer une campagne de financement participatif pour parvenir à financer la réalisation d’un sixième prototype qui se veut compatible avec le plus grand nombre d’handicaps possible. Le but est aussi de parvenir à une production industrielle. Malheureusement cette campagne n’a pas permis de récolter suffisamment de fonds mais elle a attiré l’attention de quelques médias notamment d’une chaine de télévision australienne. Depuis Kevin reçoit des sollicitations provenant du monde entier. Le projet prend de l’envergure à un tel point que, depuis sept mois, OGO est devenu son projet professionnel principal. Il y travaille tous les jours. L’équipe s’est également agrandie de plusieurs membres et travaille en collaboration avec des chercheurs de l’université Victoria à Wellington.
C’est à ce stade du projet que je rencontre l’équipe OGO. J’ai donc la chance de tester le sixième prototype, celui qui devrait être commercialisé après quelques dernières améliorations. Après cinq minutes d’explications je vadrouille toute seule… et sans mes mains pour faire avancer le fauteuil ! Et oui la première grande nouveauté qu’introduit l’OGO est qu’il se contrôle grâce aux mouvements du bassin. Pas besoin de grands mouvements. Il suffit juste de s’incliner légèrement vers l’avant pour avancer et de pencher le bassin tout aussi légèrement en arrière pour reculer. Pour se déplacer sur les côtés c’est exactement le même système : il suffit de se pencher à droite ou à gauche. Les mouvements sont très fluides. Beaucoup plus qu’avec un fauteuil roulant « traditionnel ». Et pour ceux qui préfèrent, il est possible d’utiliser un joystick pour contrôler les déplacements.
Plus l’inclinaison est forte plus le fauteuil roulant va vite. Il peut aller jusqu’à 20km/h et affronte sans problème les montées raides. Oui, oui : même celle que je regarde avec effroi en Nouvelle-Zélande avant de faire demi-tour ! Les descentes abruptes sont plus agréables également car l’assise reste horizontale. Du coup la peur que l’on peut avoir dans les fortes descentes, du fait de la forte inclinaison du fauteuil et de notre corps, disparait !
Une petite précision est à rajouter. Sur la vidéo vous me voyez me tenir au Ogo avec mes mains sur les côtés. Kevin était plus rassuré comme cela car c’était ma première utilisation mais vous n’avez pas besoin de vous tenir de cette façon une fois l’engin bien maitrisé ! En réalité les mains sont totalement libres. Ainsi une personne amputée des membres supérieurs ayant besoin d’un fauteuil roulant pour se déplacer peut le faire sans l’aide de personne ! Cela redonne une grande liberté à la personne en fauteuil. Il est possible de porter des objets tout en se déplaçant et cela facilite énormément le quotidien. Plus besoin de quelqu’un pour sortir les poubelles ou pour porter un carton. Retrouver la liberté de ses mains permet également de meilleurs rapports humains, sociaux. Il devient possible, par exemple, de se promener avec son enfant sur les genoux sans crainte. Les mouvements étant plus naturels, il est aussi plus facile de s’orienter vers l’un ou l’autre de ses interlocuteurs lors d’une conversation avec plusieurs personnes. Bref, vous l’aurez compris : je suis fan de ce concept !
Mais ce n’est pas tout ! L’ OGO, il a le style avec ses deux belles roues ! Et ces roues c’est bien plus qu’une histoire de look. Grâce à elles il est possible de se déplacer sur des terrains irréguliers. On passe du béton, aux graviers et à la pelouse sans difficulté. Et en utilisant la seconde paire de pneus qui est tout-terrain il est possible de faire une balade en forêt ou une promenade sur la plage sans aucune difficulté ! Et ça pour une bretonne de souche ce n’est pas négligeable !
Seul inconvénient : l’OGO n’est évidemment pas pliable et est plus lourd qu’un fauteuil roulant manuel. Il est donc plus difficile à transporter. Par conséquent, je pense qu’il ne faut pas y voir un substitut au fauteuil roulant mais plutôt un complément.
Mais alors quel montant devra t-on débourser pour devenir l’heureux propriétaire d’un OGO ? Pour le moment pas de véritable réponse. Kevin Halsall et son équipe essaient de trouver une compagnie qui serait d’accord de lancer une production industrielle du produit tout en le commercialisant à un prix le plus bas possible. Pour eux, le plus important c’est qu’un maximum de personnes puisse voir leur quotidien facilité. Pour cela le prix doit rester bas afin que ces personnes puissent l’acquérir. En terme de chiffres, Kevin estime qu’un prix d’environ 20 000 dollars néo-zélandais (un peu moins de 13000 euros) serait juste. Cependant il redoute que ce ne soit pas possible…