Rarotonga : Accessibilité et handicap aux iles Cook
Rarotonga est une destination de rêve. Tout semble parfait: les palmiers, le soleil, le lagon bleu turquoise, les chants polynésiens et les sourires des locaux… Mais malheureusement les personnes handicapées, touristes et locaux, doivent faire face à plusieurs difficultés, notamment d’accessibilité.
Sommaire
Accessibilité de l’aéroport
Quelques minutes avant d’atterrir une annonce au micro nous informe qu’il va falloir descendre de l’avion par des escaliers comme il n’y a pas de passerelle. Et oui l’aéroport de Rarotonga est vraiment tout petit mais pas de panique tout est prévu ! A la sortie de l’avion on m’apporte mon fauteuil roulant et je monte avec toutes les autres personnes à mobilité réduite dans un ambulift (véhicule équipé d’un ascenseur) qui nous descend jusqu’au tarmac. Une fois dans l’aéroport aucune difficulté. Il n’y a pas d’étage donc pas besoin de chercher un ascenseur. Il y a des toilettes accessibles à l’intérieur, aux arrivées et aux départs, ainsi qu’à l’extérieur des terminaux. L’arrivée s’est donc très bien passée. Ma seule déception a été de ne pas recevoir un collier à fleur de bienvenue comme ceux qu’on reçus les autres passagers à la sortie des escaliers sur le tarmac.
Se déplacer en fauteuil roulant à Rarotonga
A Rarotonga les moyens de transports sont les mêmes qu’ailleurs : voitures, scooters, bus, vélos et taxis. Je n’ai pas vu de véhicules de location ni de taxis adaptés pendant mon séjour sur l’ile. Les bus ne sont pas non plus adaptés. Il y a donc des marches pour y entrer et il n’y a pas d’emplacements réservés pour les fauteuils roulants. Les navettes mises en place pour les activités touristiques telles que l’island night ou le « progressive dinner » ne sont pas non plus accessibles.
Heureusement la gentillesse des locaux vient pallier à ce manque d’accessibilité. Dès le premier jour j’ai pu constater leur bienveillance à mon égard. Nous avions décidé de nous rendre à pied de notre logement jusqu’à Muri lagon soit environ 4 kilomètres. Cela ne faisait même pas dix minutes que nous marchions au bord de la route lorsque qu’une habitante de l’ile s’est arrêtée pour nous demander où nous allions. Ni une ni deux mon fauteuil roulant s’est retrouvé à l’arrière du pick-up et quelques minutes plus tard nous étions à la plage ! La même chose s’est produite lors de notre dernier jour sur l’ile. Nous venions de rendre la voiture de location et nous commencions à nous diriger à pied vers l’église pour assister à cette si joyeuse messe lorsqu’une jeune Cookienne s’est dirigée vers nous pour nous proposer de nous déposer. A la fin de la cérémonie le prêtre et sa famille nous ont également offert de nous déposer à l’aéroport sans que nous le demandions.
Du côté de la voirie et de l’accessibilité des bâtiments ce n’est pas trop ça non plus. On ne trouve que rarement des bateaux d’accès pour descendre et monter des trottoirs. La plupart du temps qu’il est possible de monter sur un trottoir c’est car il y a une sortie de garage. Au final c’est parfois plus simple de rouler avec son fauteuil roulant sur la route ! En plus ça ne semble déranger personne. La route principale qui fait le tour de l’ile est goudronnée donc il est facile de rouler dessus. A l’inverse il est difficile d’avancer aux marchés de Muri Night Market et de Punanga Nui Market car le sol est revêtu de graviers. Du coté des plages malheureusement pas de surprise : aucune plage ne dispose d’aménagement pour les personnes en fauteuil roulant.
Beaucoup de commerces et de restaurants ne sont pas accessibles mais la pharmacie CITC à Avarua, les commerces adjacents à celle-ci et le restaurant « LBV- Le Bon Vivant » à Muri Beach sont accessibles. Au LBV il y a une rampe d’accès mais avant d’atteindre celle-ci il faut déjà réussir à faire quelques metres sur un sol avec des racines d’arbres qui gênent. Pour les restaurants une autre solution peut être de manger à l’une des nombreuses terrasses et de demander à un serveur d’aller commander pour vous lorsque le service et le paiement se font au comptoir. En effet il existe des établissements dont seule la terrasse est accessible.
Se loger en fauteuil roulant à Rarotonga
Trouver un logement parfaitement accessible avec une salle de bain adaptée à Rarotonga est possible mais reste difficilement abordable. En effet seuls quelques établissements haut de gamme ont des chambres accessibles et malheureusement cela coute très cher. Voilà quelques établissements que j’ai contacté et qui m’ont assuré de la possibilité pour une personne en fauteuil roulant de séjourner chez eux. Voilà les renseignements qui m’ont été communiqués :
Aro’a Beachside Inn : Deux « Beachside Deluxe units » sont complètement accessibles. Il y a des rampes pour y accéder et l’accès de la chambre à la salle de bain se fait facilement. La salle de bain est adaptée pour les fauteuils roulants : il y a des mains courantes et une chaise de douche. Il y a également une rampe pour se rendre au bar de l’établissement (auquel vous pouvez d’ailleurs aller même si vous n’êtes pas hébergés ici). Cela parait en effet indispensable car les petits-déjeuners y sont servis. Une nuit coute 395$NZ (250€).
The rarotongan : Les logements accessibles sont les suivants : « Deluxe Beachside Suites », « Deluxe Beachfront Suites » and « Grand Beachfront Suites ». Les chemins pour se rendre aux chambres accessibles sont en béton pour faciliter les déplacements en fauteuil roulant. Le bar-restaurant est également accessible. Lors de l’échange par mail les gérants m’ont précisé que les standards des iles Cook en matière d’accessibilité ne sont pas les mêmes qu’en Australie ou qu’en Nouvelle-Zélande mais qu’ils hébergent régulièrement des personnes en fauteuil roulant. Pour une nuit comptez 325$NZ (206€) en « Deluxe Beachside Suite », 395$NZ (250€) en « Deluxe Beachfront Suite » et 545$NZ (345€) en « Grand Beachfront Suite ».
Edgewater Resort: Les villas 19 et 20 sont complètement accessibles en fauteuil roulant. Il n’y a aucune marche. Les douches sont équipées de sièges de douche. Une nuit coûte 740$NZ (470€) sachant qu’il faut réserver au moins 5 nuits.
Sunset resort : Le seul logement accessible en fauteuil roulant est le « Two bedroom Poolside Suite ». La salle de bain est équipée de mains courantes et d’un siège de douche (l’hotel m’a communiqué des photos). Il y a une barre d’appui pour rentrer dans les piscines mais il y a quand même quelques marches. Une nuit coute 428$NZ (271€) et il faut en réserver au minimum trois.
Toutes les informations qui précèdent m’ont été communiquées par les hôtels mais je n’ai pas séjourné dans ces établissements car les tarifs appliqués sont au dessus de nos moyens. A la place nous avons séjourné à « Ikurangi Eco Retreat » pour un tarif un peu moins élevé de 249$NZ la nuit (158€). Cet établissement n’est pas du tout accessible en fauteuil roulant. Il y a des marches pour entrer dans chaque logement et les salles de bain ne sont pas adaptées. Nous avons choisi de réserver chez eux car c’est un établissement portant une particulière attention au tourisme durable. Ici pas de clim, les produits de douches sont organiques et l’on dort dans des studios de type polynésien ou des tentes de luxes avec douches à l’extérieur. Nous avions réservé un studio mais pour des raisons inconnues nous avons été surclassés gratuitement en tente. Je ne regrette pas du tout d’avoir choisi ce logement ! En plus du cadre parfait, les propriétaires ont vraiment été très attentionnés avec nous durant tout notre séjour. Ils nous ont attribué la tente la plus proche du parking qui est également celle qui a le moins de marches et ont ajouté un banc pour la douche. Ils nous ont également conduit au supermarché à notre arrivée car comme c’était un dimanche il n’y avait quasiment pas de bus.
Vivre avec un handicap à Rarotonga : rencontre avec le Creative Centre
L’accessibilité n’est pas une priorité aux iles Cook. Cependant les locaux ont été bienveillants avec moi alors j’étais curieuse de voir comment cela se passe pour les personnes handicapées vivant sur cette ile. Nous sommes donc allés au Creative Centre passer une demie-journée. Ce lieu qui existe depuis 2001 accueille des personnes en situation de handicap du lundi au vendredi pendant la journée. Le but est de fournir un cadre à ces personnes dans lequel elles peuvent bénéficier d’une éducation, d’un environnement social et de soins. Le centre est financé par le ministère de l’éducation des iles Cook et par l’Etat néo-zélandais. Des aides matérielles et financières sont également apportées par d’autres pays tels que la Chine, le Japon et l’Inde.
Huit personnes travaillent actuellement au centre et une vingtaine de personnes handicapées en bénéficient. La plupart des étudiants (c’est ainsi qu’on les nomme) sont atteints d’un handicap mental et certains d’un handicap physique. Au centre toutes les personnes accueillies sont majeures. Allan, l’un des travailleurs, nous expliquait que les personnes souffrant de maladies mentales sont prises en charge par l’hôpital et que les enfants restent à l’école jusqu’à 16 ans. Apparemment il y aurait des assistants pour les aider à vivre leur scolarité le plus normalement possible.
Le personnel du Creative Centre est composé de personnes qui ont à coeur de vouloir aider. Le plus important pour travailler ici ce n’est pas d’avoir fait des études dans le social ou en psychologie, c’est de vraiment vouloir aider. Avant, par exemple, Allan travaillait dans le bâtiment. Puis sa mère a fait trois AVC avant de décéder plusieurs mois plus tard. Pendant ces mois-là, Allan a appris à faire des massages thérapeutiques pour soulager sa mère. Après le décès de celle-ci il avait la volonté de continuer à aider et à prendre soin des autres alors il est venu travailler au Creative Centre où il s’occupe notamment des séances de kinésithérapie.
Allan nous a avoué qu’il y a d’autres personnes handicapées sur l’ile mais qu’elles ne viennent pas au Creative Centre car leurs familles ne veulent pas que l’on sache qu’il y a un handicapé dans la famille… Malgré la gentillesse des locaux à mon égard et leurs nombreux sourires le handicap reste donc un sujet tabou et mal accepté. Les seules personnes qui viennent à la rencontre du Creative Centre sont d’ailleurs des touristes. Difficile de savoir à quoi est dû cette difference de considération. Est-ce car je suis une touriste? Ou bien est-ce car mon handicap n’est que physique et n’altère pas ma communication ? Je ne sais pas.
Heureusement au Creative Centre on est bien loin de penser comme cela. Ici l’ambiance est bonne et l’on encourage chacun à s’exprimer et à s’épanouir. Tous les jours il y a un programme dans lequel les étudiants sont impliqués. Ceux qui ne sont pas en mesure d’y participer ne sont néanmoins pas laissés de côté puisqu’au moins l’un des travailleurs restera avec eux. Le programme quotidien implique souvent une activité artistique. Cela peut-être un cours de peinture, de musique, de chants, de culture maorie ou encore de poterie. Le jour où nous sommes venus c’était activité teinture de paréos et de t-shirts. Nous avons donc appris comment teindre des paréos et nous avons aidé les étudiants dans cette tâche. Les paréos sont ensuite revendus au marché ce qui permet de percevoir des fonds pour le bon fonctionnement du centre.
Des fois le programme peut être plus traditionnel avec une leçon de littérature ou de mathématiques ou la priorité peut-être donnée au bien-être et aux soins. Par exemple, la vieille de notre arrivée tous avaient eu un examen ophtalmique de contrôle. Les séances de musculation et de kinésithérapie font aussi partie des activités régulières.
Si vous voulez en savoir plus sur Rarotonga, vous pouvez aussi lire cet article sur les magnifiques plages et lagons de l’île ainsi que celui-ci pour découvrir la magnifique culture polynésienne des îles Cook.
1parenthèse2vies
Merci de tous ces détails sur chaque destinations. Lorsque je commence à penser à mes voyages pour l’année, c’est toujours plus facile et rassurant de lire que d’autres y ont déjà roulé (que c’est donc possible!) 😉
Aurélie
Bonjour Daphnée. Ravie de pouvoir aider 🙂 Tu as des voyages de prévus pour bientôt ?