Visiter Mandalay en fauteuil roulant : à la découverte du bouddhisme
Après un an de PVT en Nouvelle-Zélande et trois mois de voyage en Asie du sud-est il était temps de reprendre le chemin de la terre natale. Mais avant de rentrer en France, j’ai eu l’opportunité d’être invitée par les agences Myanmar Accessible Tourism Center et Mira Travels, dans le cadre du développement de leur formule de voyage accessible aux personnes à mobilité réduite. Nous voilà donc en Birmanie pendant dix jours pour visiter le pays, tester l’accessibilité de plusieurs sites touristiques et réfléchir à des possibilités d’amélioration.
Première étape de notre parcours: Mandalay. Aujourd’hui deuxième plus grande ville du pays et centre d’affaires où affluent de nombreux Chinois, Mandalay fût, entre 1861 et 1885, la capitale du Royaume de Birmanie.
Sommaire
Le palais royal de Mandalay
Pour mieux comprendre l’Histoire de la ville quoi de mieux que de commencer par une visite de l’enceinte du palais royal et de son musée, vestiges des dernières années de cette ère royale ayant pris fin avec l’arrivée des colons Anglais. Les bâtiments d’époque ayant été détruits par les bombardements durant la seconde guerre mondiale, ceux que l’on voient aujourd’hui sont des répliques construites en bois rouge et parfois recouvertes de feuilles d’or.
On y voit également une réplique du trône du lion (l’original se trouve au musée national à Rangoon), le plus grand trône du roi sur lequel il avait l’habitude de s’asseoir accompagné par sa « femme en chef », une de ses nombreuses femmes. En effet le roi n’avait pas moins d’une cinquantaine de femmes et plus de cent enfants. Parmi ces femmes seulement quatre avaient un rôle très important et bénéficiaient de leur propre logement au sein du fort encerclant le palais.
Concernant l’accessibilité il y a trois marches au niveau du portail d’entrée mais les gardes ouvriront le portail sur demande de votre guide pour vous éviter ces marches. Cependant juste après il y a un escalier d’une douzaine de marches qui ne peut pas être évité. Après avoir gravi ces escaliers vous vous retrouvez face au trône du lion. A partir de là je vous conseille de prendre sur la gauche car il y a deux marches sur le chemin de droite. Les bâtiments, y compris le musée, ne sont pas accessibles car il y a toujours au moins une marche pour y entrer.
Le monastère Shwenandaw
Le site n’est pas vraiment accessible. Il y a deux marches à l’entrée mais il suffit de demander au personnel d’ouvrir le portail pour les éviter. De là il est possible de voir l’extérieur du monastère mais l’intérieur est inaccessible en fauteuil roulant car il y a un escalier d’une quinzaine de marches à monter et un rebord en bois à passer.
La pagode Kuthodaw
Etant un pays très majoritairement bouddhiste, la Birmanie regorge de pagodes, lieux de culte bouddhistes. Mandalay ne fait pas exception et c’est devant la pagode Kuthodaw que nos yeux se sont émerveillés pour la première fois. L’architecture est vraiment différente de celle des églises françaises et des mosquées que nous avons pu voir en Indonésie et en Malaisie. En Birmanie « doré » est le maitre mot ! De très nombreuses pagodes sont entièrement recouvertes d’or ! Et pour nous étonner encore un peu plus cette pagode nous réserve une autre surprise : elle abrite le « plus grand livre du monde » !
En effet la pagode est entourée plus de 700 stupas, chacune contenant une stèle en marbre sur lesquelles sont inscrits l’ensemble des textes fondateurs du bouddhisme comportant trois enseignements : les règles à suivre lorsque l’on est un moine, les différentes vies de Bouddha et la philosophie bouddhiste.
La pagode Mahamuni
La pagode Mahamuni est un lieu de pélérinage important pour les Birmans. Elle abrite une imposante statue de Bouddha de quatre mètres de haut entièrement recouverte d’or. Chaque Birman bouddhiste essaie d’y venir au moins une fois au cours de sa vie pour y méditer et déposer une nouvelle feuille d’or sur le bouddha. En effet le but ultime des bouddhistes est d’atteindre le nirvana et faire des donations est un des moyens de s’en rapprocher dans la prochaine vie.
Il y a tellement de feuilles d’or que l’on en voit certaines trembloter sur le torse du Bouddha et que plusieurs kilos de déchets d’or sont récupérés chaque année au pied de la statue. La ferveur des Birmans est presque aussi impressionnante à observer que la statue elle-même !
Côté accessibilité il y a deux marches à l’entrée pour accéder au chemin menant au temple. Le chemin est carrelé donc c’est facile d’y rouler. Cependant il y a une marche suivi d’un petit trou entre chaque chemin.
Le monastère Mahaganaryon
Le monastère Mahaganaryon est l’un des plus célèbres du pays en raison de la discipline stricte qui y est observée. J’ai beaucoup aimé cette visite. Elle nous a permis de mieux comprendre le mode de vie des moines, la philosophie bouddhiste et son impact dans un pays où près de 90% de la population adhère à cette croyance et où tous les hommes, dès l’âge de 7 ans, peuvent devenir moines que se soit pour quelques jours ou plusieurs années. Ici, les 1200 moines vivant dans ce monastère suivent une formation s’étalant sur cinq à sept années et, malgré son exigence, les candidats sont nombreux. Seuls les meilleurs, ceux ayant reçus deux lettres de recommandation d’un autre monastère, peuvent espérer y entrer.
Nous commençons la visite par les cuisines où des volontaires préparent les repas des moines avec la nourriture qui a été offerte en donation à ces derniers. En effet les moines ne cuisinent pas et n’ont pas le droit d’acheter de la nourriture. Pour en récolter ils vont donc se balader dans les villes et les villages, leur pot noir à la main. Cependant il leur est interdit de demander. Ils doivent donc attendre que les villageois viennent leur faire des offrandes. Ces offrandes peuvent d’ailleurs être faites directement au monastère mais il y a tellement de monde à vouloir le faire qu’il faut réserver sa place six à douze mois à l’avance.
Les cuisines sont assez sommaires. L’hygiène est relative : les hommes travaillent souvent torses et pieds nus, chiens et chats trainent autour et les mouches se posent sur les aliments en préparation. La cuisson est traditionnelle : riz, légumes, viandes sont cuits dans de grosses poêles ou dans des fours, au feu de bois.
En attendant l’heure du repas et l’arrivée en procession des moines, nous explorons les recoins du monastère. Pour certains des moines c’est l’heure du rasage. Pour d’autres c’est le moment de partir chercher de la nourriture. Nous remarquons aussi de jeunes garçons habillés en blanc. Notre guide nous explique que se sont les novices c’est-à-dire les garçons trop jeunes pour commencer la formation mais ayant été autorisés à demeurer au monastère.
Il est maintenant midi. C’est l’heure du dernier repas de la journée pour les moines qui ne mangent que deux fois par jour, à 6h et 12h. Leur arrivée est très protocolaire : les moines, tenant le pot qui va leur servir à recueillir leur nourriture, forment deux colonnes et avancent lentement vers la salle à manger. A l’extérieur du bâtiment nous apercevons des sans-abris qui attendent de recevoir les restes des moines que ceux-ci voudront bien leur donner.
Le monastère est très facile à visiter en fauteuil roulant. J’ai pu me déplacer partout sans problème. La salle à manger peut être vue d’un peu plus prêts pour les personnes qui peuvent monter deux marches mais on voit quand même très bien sans les monter.
Le pont U Bein
Après tant de découvertes culturelles il est temps de se relaxer et d’aller faire une balade sur le pont U Bein, le plus long pont en teck du monde avec ses 1,2 kilomètres de long. Le cadre est vraiment agréable. De part et d’autre du pont les hommes pêchent depuis leur bateau ou simplement en étant dans l’eau, parfois jusqu’au cou. Nous sommes fin septembre : c’est la fin de la saison des pluies. Le niveau de l’eau a commencé à redescendre mais on ne voit toujours ni les troncs des arbres ni les fermes de canards dont seulement les toits dépassent. Dans quelques semaines la saison sèche sera de retour et la rivière ne sera qu’un souvenir. Le pont aura les pieds hors de l’eau et les fermiers auront réinvestis leurs fermes à canards.
Accéder au pont n’est pas gagné en fauteuil roulant car il y a deux marches à l’entrée du pont, dont une longue. Le pont est fait de planches en bois donc ça remue pas mal même si le début du pont est plus facilement praticable. Plus l’on avance plus les planches sont espacées.
Découverte de l’artisanat local
La région de Mandalay est connue pour regorger de petits artisans locaux. Nous avons en donc profité pour visiter un atelier de tissage de longyi, l’habit traditionnel birman, ainsi qu’un atelier de fabrication de feuilles d’or.
Le tissage du longyi est un travail méticuleux et demandant de faire preuve de patience. Malgré la rapidité avec laquelle travaillent les jeunes Birmanes, la création d’un longyi peut prendre d’un à trois mois en travaillant huit heures par jour. Le résultat est vraiment très beau. Je n’ai pas pu résister à la tentation de m’en acheter un !
Du côté de la fabrique des feuilles d’or le travail est un peu plus physique. Fabriquer ces feuilles qui vont recouvrir les milliers de pagodes n’est pas de tout repos. Après de nombreuses étapes, les hommes frappent énergiquement l’or au maillet pour l’affiner avant que les femmes emballent délicatement les feuilles d’or obtenues dans de petits sachets.
Il y a une marche et un rebord à l’entrée de l’atelier de tissage. Le magasin n’est pas accessible car il y a des marches et c’est trop étroit à l’intérieur pour y circuler en fauteuil roulant. Il y a une marche pour entrer dans l’atelier de fabrication de feuilles d’or et une autre pour entrer dans le magasin.
Mandalay hill
Mandalay hill est l’endroit parfait pour finir une journée à Mandalay en beauté. Depuis le haut de la colline le paysage est magnifique. Les rayons du soleil qui se couche illumine les vastes plaines et fait étinceler les pagodes dissimulées un peu partout dans ce panorama.
La plupart des personnes atteignent le sommet de la colline en montant les très nombreuses marches qui y mènent. Toutefois il est possible de se garer tout en haut et de ne pas monter les escaliers. Une fois en haut il faut prendre un ascenseur pour rejoindre la plateforme de point de vue mais malheureusement il y a quatre marches pour accéder aux ascenseurs. A savoir également : les ascenseurs ne sont plus en fonctionnement après 18h. Les gardes-fous du point de vue sont assez hauts : si vous ne pouvez pas vous mettre debout il faudra regarder entre les espaces des barreaux.
Accessibilité à Mandalay
- Comme dans les autres pays d’Asie du sud-est que nous avons visités, circuler en fauteuil roulant à Mandalay n’est pas facile. Les trottoirs sont rarement abaissés et sont souvent encombrés. Il est donc plus facile de rouler sur le bord de la route. Si vous optez néanmoins pour les trottoirs, faites très attention (surtout de nuit) car il y a parfois des trous de plusieurs mètres assez grands pour que l’on puisse y tomber.
- A défaut d’avoir une accessibilité irréprochable, les Birmans se précipiteront pour vous aider à surmonter l’obstacle. Ils sont très aidants.
- Côté hébergement j’ai dormi à l’hôtel « Mandalay ». Les chambres supérieures sont accessibles en fauteuil roulant. Il y a seulement une toute petite démarcation entre la chambre et l’extérieur et entre la chambre et la salle de bain : cela ne m’a pas posé problème. La salle de bain est assez grande pour y circuler en fauteuil roulant et se transférer latéralement sur les toilettes. Cependant il n’y a ni de barre d’appui ni de siège de douche. Toutes les parties communes de l’hôtel sont accessibles, y compris le restaurant. Il y a des ascenseurs pour se rendre d’un étage à l’autre. Il y a des escaliers à l’entrée principale mais un accès un fauteuil roulant est possible en passant par l’arrière (prenez le chemin à gauche quand vous faites face à l’hôtel).
Vous organisez votre voyage en Birmanie et vous voulez en savoir plus sur d’autres destinations du pays ? N’hésitez à lire mon article sur Rangoun ainsi que celui sur Mandalay, ville incontournable pour comprendre l’importance du bouddhisme dans le pays.
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Ayant été invitée par les agences Myanmar Accessible Tourism Center et Mira Travels cet article est sponsorisé mais je conserve toute ma liberté éditoriale.