Obtention du PVT Nouvelle-Zélande et handicap moteur
Normalement l’obtention d’un visa PVT pour la Nouvelle Zélande se fait rapidement et simplement. Dans mon cas, cette démarche s’est vite transformée en parcours du combattant.
Jeudi 19 novembre 2015
Ma journée de travail est terminée. Je suis impatiente de rentrer chez moi ce soir pour faire ma demande de PVT en Nouvelle-Zélande. Toute excitée je me connecte au site de l’immigration néo-zélandaise et je me crée un compte afin de pouvoir faire ma demande de visa. 10 minutes plus tard j’ai fini de compléter le formulaire et ma demande est transmise. Si tout se passe bien je devrais avoir une réponse sous une semaine. Mon casier judiciaire est vierge, je n’ai pas eu de problèmes d’immigration dans le passé et je n’ai pas voyagé dans un pays considéré à risque. Pourquoi devrais-je m’inquiéter ? Dans cette liste de questions à laquelle il fallait répondre par oui ou par non il y en avait une me demandant si je suis atteinte d’un handicap physique ou mental. Difficile de répondre « non » : un fauteuil roulant ne passera pas inaperçu aux douanes. Je coche donc la case « oui » et je prends le soin de préciser qu’il s’agit d’un handicap moteur m’obligeant à me déplacer en canne pour les courtes distances et en fauteuil roulant pour les plus longues distances. J’indique également que je possède déjà tout ce matériel et que je n’ai pas besoin d’assistance dans ma vie quotidienne. A ce moment-là je comprends déjà que l’immigration cherche à savoir si je suis autonome, si je peux travailler et si mon handicap va générer des frais médicaux une fois sur place.
Mardi 24 novembre 2015
Je reçois un mail de l’immigration néo-zélandaise. Je dois me soumettre à un examen médical ainsi qu’à une analyse sanguine et à une radio des poumons. Une radio des poumons ! Quel lien avec mon handicap affectant mes jambes ? En réalité dès que la visite médicale généraliste est exigée tout le reste s’enclenche. C’est pourquoi je dois faire la radio des poumons malgré le fait que je ne sois pas allée dans un pays où le risque de contracter la tuberculose est élevé. C’est aussi la raison pour laquelle je dois aller faire analyser mon sang : pour vérifier si je ne suis pas porteuse d’une hépatite ou d’une autre maladie transmissible. J’ai deux semaines pour passer les examens qui me sont demandés auprès de médecins agréés par les services de l’immigration néo-zélandaise et pour que les résultats médicaux leur soit transmis. Ni une ni deux, j’appelle immédiatement les cabinets parisiens de la liste et obtiens un rendez-vous pour le vendredi suivant.
Vendredi 27 novembre 2015
Me voilà à Paris pour une journée que je ne vais pas oublier de sitôt. Elle a, en effet, un arrière-goût d’amertume et de dégout. Je m’explique. Le médecin qui m’a reçu a été très rude. Comme il ne connaissait pas la maladie, ce que je ne lui reproche pas, je lui ai détaillé le fonctionnement et les symptômes de celle-ci et lui ai fourni mes derniers bilans médicaux. Je lui ai aussi expliqué ma façon de vivre au quotidien : à ce moment là je vivais à Rennes en couple mais je travaillais à Nantes à temps plein où j’avais pris une seconde location. Je me rendais seule à mon lieu de travail. Je suis donc autonome dans ma vie personnelle et professionnelle. Le médecin face à moi s’est alors contenté de me demander si je suis capable d’aller aux toilettes et de me laver seule… Qu’est-ce qu’il n’a pas compris dans « je travaille à temps plein sans aménagement et je n’ai pas d’assistance que je sois au travail ou à la maison » ?! J’ai envie de pleurer et de lui hurler dessus à la fois. Jamais je ne me suis sentie si humiliée, déconsidérée de la sorte. J’essaie de lui ré-expliquer. La personne en face de moi est totalement fermée d’esprit. La seule possibilité qu’elle m’offre est de faire traduire mon bilan médical pour le joindre à son évaluation qu’elle va transmettre aux autorités néo-zélandaises. Je dois faire traduire ce document par un organisme agréé et le communiquer par mail à son secrétariat. Bien sûr le délai de deux semaines court toujours.
Je poursuis ma journée en allant au laboratoire d’analyses et au cabinet de radiologie. Enfin ce marathon médical est terminé. Le doute, lui, demeure. Précision pour les personnes qui devraient subir le même parcours : les frais médicaux sont onéreux et ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale car les examens sont faits dans le cadre d’une demande de visa.
Dès le lendemain je contacte l’agent néo-zélandais en charge de mon dossier pour lui expliquer la situation. Un délai supplémentaire de 5 jours m’est accordé. Je fais traduire mon bilan médical et le transmets, comme prévu, au cabinet généraliste. Il reste 6 jours au médecin pour transmettre mon dossier. A défaut, mon visa sera refusé. 3 jours s’écoulent et mon dossier n’est toujours pas communiqué à la Nouvelle-Zélande. Je contacte le cabinet médical qui ne veut pas entendre que j’ai un délai à respecter. Finalement, à force de harcèlement par mails et appels téléphoniques, les services de l’immigration ont reçu mon dossier une demie-journée avant la fin du délai. Je n’ai plus qu’à attendre la réponse. Les jours et les semaines passent. Pas de nouvelles. Au fur et à mesure le doute se renforce.
Jeudi 21 janvier 2016
J’ai reçu un mail. Le stress monte. Ai-je obtenu mon visa ? En raison de mon état de santé mon visa va être refusé car les médecins locaux de l’immigration pensent que je ne peux pas travailler. Je suis invitée, si je le souhaite, à apporter un argumentaire médical traduit pour essayer de les convaincre du contraire. J’ai 15 jours pour fournir ce document. Je contacte donc le médecin qui me suit et qui avait fait le précédent bilan. Elle accepte de me recevoir en urgence et de me faire un bilan très détaillé expliquant ce que je peux faire et ne pas faire. Elle insiste sur ma capacité de travail, mon autonomie professionnelle et personnelle ainsi que sur l’absence de nécessité de soins hebdomadaires puisque, faisant de la kinésithérapie depuis une quinzaine d’années, je connais les exercices à faire. Je fais traduire le bilan et le transmets à l’agent qui suit mon dossier.
Mardi 23 février 2016
Le mail de réponse est arrivé. Les battements de mon coeur s’accélèrent. Allez courage, il faut ouvrir ce mail. J’ai mon visa ! Je peux partir en PVT ! Je n’arrive pas à y croire. Je relis le mail. Oui c’est bien ça. L’émotion m’envahit. Quel soulagement ! Quelle joie ! Comme quoi, cela valait le coup de se battre. Maintenant, il ne reste plus qu’à acheter les billets d’avion.
Vous organisez votre voyage ou votre PVT en Nouvelle-Zélande et vous cherchez des informations sur des destinations (et leur accessibilité) ? Vous trouverez tout ce qu’il vous faut dans mes articles sur l’île du nord et l’île du sud. Bonne lecture !
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