Voyager aux îles Gili avec (ou sans) handicap moteur : une bonne idée ?
26 août 2017 : trois semaines après notre arrivée en Indonésie, nous quittons l’île de Sulawesi pour nous rendre aux îles Gili, trois petites îles au large de l’île de Lombok. Plus précisément c’est Gili Air que nous avons choisie car elle est réputée pour être plus familiale et authentique que Gili Trawangan mais tout de même plus animée que Gili Meno, qui est parfois décrite comme quasiment désertique. Je suis impatiente de me prélasser quelques jours sur les plages de sable blanc et de barboter dans les eaux cristallines du lagon avant de poursuivre notre road trip indonésien sur les îles de Bali et de Java. Malheureusement une fois sur place tout ne sera pas aussi idyllique. Nous savions que ces îles sont très touristiques mais pas autant que cela. En trois mois et demi en Asie du sud-est c’est le seul endroit où nous avons malheureusement trop ressenti les conséquences du tourisme du masse. Ceci-dit il est facile de comprendre pourquoi ces îles attirent tant de monde !
Sommaire
Les îles Gili, plages de sable blanc et eaux turquoises
Les îles Gili sont trois petites pépites bordées de sable blanc et de lagons aux camaïeux de bleus pouvant en faire baver plus d’un ! Quelques photos de ces bancs de sable et l’on imagine déjà à siroter une noix de coco en paréo ! Alors quand je vous dis que depuis la plage il est possible d’apercevoir les volcans Agung et Rinjani des îles voisines de Bali et Lombok, je vous imagine déjà prêts à ouvrir une nouvelle page dans votre navigateur pour partir à la recherche de billets d’avions pas chers !
Quelle plage choisir ?
Une fois sur place il a fallu que nous cherchions quelques temps pour trouver une plage où l’on puisse étendre tranquillement nos serviettes et aller barboter dans l’eau entre deux paragraphes d’un bon bouquin. Pas si facile que ça de trouver la plage idéale à Gili Air car elles sont assez petites et souvent bordées par des coraux. Pour se baigner je vous conseille d’aller la plage à l’angle sud-est de l’île, face au Scallywags Beach Club. Elle est facile d’accès et il n’y a pas de coraux.
Si vous recherchez un peu plus de calme, je vous conseille plutôt le nord de l’île qui est plus tranquille. Par contre il y a beaucoup de coraux donc on ne peut pas vraiment nager mais on peut quand même barboter dans l’eau et c’est agréable. Je me suis vite retrouvée entourée de petits poissons argentés et j’ai même vu quelques étoiles de mer à moins d’un mètre de moi ! Tout ça en pouvant admirer le mont Agung en même temps !
Les îles Gili, le paradis du snorkeling ?
Les îles Gili ont également la réputation d’être un endroit idéal pour nager entre les coraux et poissons de toutes les couleurs et même pour croiser des tortues. Alors info ou intox ? Les îles Gili sont-elles une destination de rêve pour faire du snorkeling ?
C’est sans aucun doute une très belle destination oui ! Nous y avons admiré des poissons de toutes les couleurs (mais moins qu’en Malaisie !) et nous avons vu des tortues ! J’en garde un très bon souvenir malgré que nous étions nombreux sur ces spots à tortues. Voir une tortue remonter des fonds marins vers la surface pour reprendre de l’air est toujours un moment magique. Un moment durant lequel on retrouve son regard émerveillé d’enfant…
En dépit de ce moment magique, je dois quand même admettre que la mer était parfois agitée et que cela diminuait notre visibilité. Et surtout, j’ai malheureusement constaté que les fonds marins était bien souvent abîmés et que de nombreux coraux étaient morts, cassés. Regrettable conséquence d’un tourisme de masse trop présent…
Les déviances du tourisme de masse aux îles Gili
Problèmes de sécurité pendant une sortie snorkeling
Malheureusement ce n’est pas la seule conséquence négative dont nous avons été témoins durant nos séances de masque-tuba. Pour profiter des meilleurs spots de snorkeling aux îles Gili ,il faut partir en boat trip pour plusieurs heures, c’est-à-dire partir en excursion avec plusieurs autres touristes sur un bateau qui dépose sur les endroits en question. Il est également possible de louer un bateau privé pour ne pas être en groupe.
Nous avions fait le choix de partir en boat trip en groupe car cela coûte moins cher. Nous avons vite regretté notre choix tant la sécurité n’était pas une priorité. Le conducteur du bateau refusait d’expliquer comment se servir des masques-tubas et s’équiper d’un gilet de sauvetage alors que certaines personnes en manifestaient le besoin. A un moment donné une jeune femme commençait vraiment à angoisser, voire même à paniquer, et il n’a toujours pas voulu aider. En plus de cela, contrairement à ce que nous avions expérimenté lors de précédents boat trips snorkeling en Malaisie, le conducteur s’en allait hors de portée pendant que nous étions dans l’eau. Et cerise sur le gâteau : lors de la troisième plongée, alors que les deux tiers des personnes étaient déjà à l’eau, une énorme vague est arrivée suivie par deux autres, très importantes également. Même le conducteur semblait effrayé par ces vagues mais, plutôt que de se rapprocher des personnes déjà à l’eau et de les aider, il a éloigné le bateau de plusieurs mètres et s’est contenté de leur crier dessus de revenir.
Bref, malgré ce que les îles Gili ont à offrir, je vous conseille plutôt d’aller aux îles Perhentian ou Tioman en Malaisie ou sur l’île de Lembongan au sud-est de Bali, si vous voulez faire du snorkeling. Ces îles sont également très belles, les coraux y sont mieux préservés et il y a encore plus de poissons de toutes les couleurs ! De plus, je n’y ai jamais rencontré de problèmes de sécurité.
Une traversée désagréable pour rejoindre Gili Air
Malheureusement nous n’étions pas encore sur les îles Gili que nous constations déjà les conséquences du succès touristique de notre destination. Au moment d’embarquer sur le public boat (bateau public également utilisé par les locaux), les membres d’équipage insistaient pour embarquer Franck sans moi pour aller plus vite. Face au refus de Franck, et alors qu’il m’aidait à marcher dans le sable, ils ont pris mon fauteuil roulant et l’ont chargé puis nous ont demandé, après-coup, de les payer pour ce « service ». Je peux vous dire que cela a eu le mérite de bien m’énerver ! Alors comme c’était l’occasion parfaite pour mettre en pratique les quelques mots d’indonésien que j’avais appris en Sulawesi, j’ai pris un malin plaisir à leur dire que c’était hors de question ! Surpris, ce jeune homme n’a pas insisté pour avoir son dû !
Accessibilité à Gili Air :
- Rejoindre Gili Air :
Depuis / Vers l’aéroport de Lombok, il faut prendre un taxi jusqu’au terminal de ferry « Teluk Kade ». Je vous conseille les taxis blue-bird qui pratiquent des prix raisonnables. Malheureusement il ne semble pas y avoir de taxis adaptés pour les personnes à mobilité réduite. Une fois au terminal de ferry il faut prendre un bateau pour traverser. Ni la « gare maritime » ni les bateaux ne sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. En effet il y a des marches que ce soit pour se rendre sur la jetée ou sur la plage, en fonction de l’endroit où vous allez embarquer. A l’arrivée à Gili Air, cela fonctionne de la même manière : les petits bateaux accostent sur la plage et certains des plus grands se stationnent à la jetée. Dernier détail : il n’y a pas de toilettes adaptés pour les personnes à mobilité réduite aux terminaux de ferry.
Depuis / Vers Sanur à Bali. Si vous êtes à Bali vous pouvez rejoindre les îles Gili en prenant un bateau à Sanur. Nous avons fait le trajet Gili Air – Sanur avec la compagnie Semaya. Il y a un ponton à Gili Air pour embarquer donc j’ai pu aller en fauteuil roulant jusqu’au bateau. Une fois devant le bateau il y a des marches à descendre pour rentrer dans le bateau. A l’arrivée à Sanur les passagers devaient sortir, côté mer, en marchant un pied devant l’autre sur un rebord d’une vingtaine de centimètres de largeur jusqu’à l’avant du bateau. Pour moi c’est bien évidemment impossible. Les membres de l’équipage m’ont donc aidée à chercher une solution et ont finalement ouvert une porte du bateau qui donnait du côté du ponton mais qui ne l’atteignait pas. Ils m’ont donc hissée à la force de leur bras ! Une fois de plus, comme souvent en Asie, quand l’accessibilité n’est pas au rendez-vous l’aide et la générosité des locaux permet de trouver une solution.
- Les hôtels : Pendant notre voyage à Gili Air nous n’avons pas séjourné dans un établissement accessible car le seul hébergement pouvant accueillir des personnes en fauteuil roulant que j’ai trouvé était complet. Il s’agit d ‘Oceans5 Dive Resort. Voilà les informations que le personnel m’a communiquées : « Nous avons plusieurs types de chambres, la chambre standard serait la mieux appropriée. Ce n’est pas une chambre spéciale pour fauteuil mais il est possible d’y faire quelques aménagements. Elle sera la plus accessible en fauteuil roulant. Cette chambre comprend un lit queen size, une clim, l’eau chaude, un coffre et le petit-déjeuner le tout pour 600.000IDR (36 euros) en basse saison et 675.000IDR (41 euros) en haute saison. Il y a une petite marche pour accéder à la chambre mais nous pouvons y ajouter une rampe. En ce qui concerne la salle de bain, il y a une légère marche. Par ailleurs, j’aimerai ajouter que nous sommes un centre spécialisé pour les plongeurs handicapés avec tous les aménagements nécessaires pour la plongée sous marine. Nous avons auparavant accueilli des personnes en fauteuil dans notre hôtel. Nous pouvons aussi mettre à votre disposition un fauteuil, si vous en avez besoin. »
- Les déplacements sur l’île : Sur les îles Gili les véhicules à moteur sont interdits. Par conséquent il faut se déplacer à pied ou en calèches (payantes) tirées par des chevaux. Celles-ci ne sont pas accessibles. Pour les trajets en fauteuil roulant, il faut savoir que certains chemins sont très endommagés et donc difficiles à pratiquer. D’autres, notamment ceux longeant le littoral, sont en meilleur état mais toujours un peu sableux. En fauteuil manuel certains passages peuvent être difficiles à gérer seul.
- Le snorkeling : Pour faire du snorkeling aux îles Gili il faut partir une demie-journée ou une journée sur un bateau qui dépose à 4/5 endroits différents. Cela implique donc de monter et descendre d’un bateau en pleine mer. Si vous voulez en savoir plus sur comment cela se passe n’hésitez à aller voir mon article sur Tioman.
- Où manger ? La plupart des commerces et des restaurants ont des marches à l’entrée mais il y a un tout petit restaurant plain-pied, presque caché, où l’on peut manger de très bons martabaks salés ou sucrés : le Tenda Biru. Pour la localisation vous pouvez jeter un coup d’oeil ici sur Google maps.
Si vous voulez plus d’informations sur d’autres destinations en Indonésie n’hésitez à jeter un coup d’œil à tous mes articles sur mes voyages en Indonésie. Vous y trouverez des articles sur Bali, Java, la Sulawesi et les îles Gili ainsi que des renseignements sur le niveau d’accessibilité en fauteuil roulant de ces différentes destinations.
Bons préparatifs !
Daphnée
Han ta photo avec le volcan derrière ! C’est magnifique ! J’imagine l’émotion de voir les tortues en liberté… ça doit faire quelque chose…Mais comme tu dis, le tourisme de masse est une vraie plaie pour les pays qui ne sont pas prêts à y faire face. Quand j’étais allée en Thaïlande, avant pourtant que ce soit la destination à la mode de maintenant, les coraux avaient déjà été… grillés ! Par les barques à fonds transparents : pratiques pour que les passagers voient les fonds marins, idéales pour les réverbérations du soleil. Les fourmis que mon grand frère faisait brûler avec sa loupe ? Ici même principe…
Aurélie
Oui j’avoue, quand je pense à cette tortue qui nage à quelques mètres de moi j’en ai encore le sourire !
Quant au tourisme de masse, malheureusement certaines fois, les locaux ne semblent pas avoir pleinement conscience de la beauté de leur environnement et de cet impact environnemental.
En tous cas ça me fait réfléchir sur ma place en tant que voyageuse et blogueuse par rapport à tout ça…